Les classes de transition par Alain Camille

L'ouverture des classes de tansition dans les collèges a été décidée en 1963. Elles devaient se substituer aux classes de Fin d'études.
Était-ce un simple changement de nom ? Pas tout à fait. Ces classes devaient, sur le papier tout au moins, assurer une… transition vers le Collège d'Enseignement Général pour ceux et celles qui n'avaient pas pu y accéder à l'issue du Cours Moyen 2e année. L'idée était, qu'avec deux années supplémentaires pour mûrir et une pédagogie différente pour leur redonner confiance en l'école, une partie d'entre eux devrait pouvoir rejoindre les élus du CM2 au niveau de la classe de 5e. L'intention était intéressante mais l'implantation des classes de transition se fit trop lentement pour que l'expérience de quelques-uns se diffuse vers tous. Pouvait-il en être autrement alors que la formation des instituteurs chargés de ces classes fut notoirement insuffisante ?

Et que dire de cette " nouvelle pédagogie " qui devait remotiver des enfants découragés par la pédagogie classique ? D'une part il y a les textes officiels, généreux et théoriques, et, d'autre part, il y a les pratiques effectives dans la classe. Et pourquoi changer sa pratique, si on n' a pas la conviction de son inefficacité et si on ne vous apprend pas à faire autrement ? L'expérience des classes de transition dura une quinzaine d'années.

Elle redonna la possibilité à quelques enfants de poursuivre des études d'enseignement général. La majorité de la classe, après le Certificat d'Études Primaires, était dirigée vers un enseignement technique sanctionné par un CAP. Quelques autres entraient en apprentissage. La scolarité jusqu'à 16 ans fut alors décidée.

Les classes de 4e Pratique et 3e Pratique complétèrent le dispositif jusqu'à 16 ans. Privées, elles aussi, de réels moyens et de maîtres formés, elles connurent le même sort que les classes de transition.

Désormais, à la sortie du CM2, tous les enfants entreraient en 6e.

Témoignage

Je suis resté dans les classes de transition de Pellegrue de 1964 à 1970.
J'ai adopté, pour respecter les Instructions officielles des classes de transition, les pratiques qui les avaient inspirées. Je veux parler des pratiques de la pédagogie Freinet.
Après six années d'expérience dans les classes de transition de Pellegrue, cette démarche pédagogique me semblait convenir tout à fait aux enfants qui m'étaient confiés, et à moi-même. Je décidais alors de continuer ainsi pendant les 25 années suivantes.
Mon passage dans les classes de transition de Pellegrue allait devenir le socle de ma réflexion pédagogique dans les classes "normales".